Le fond de la vallée, sauvage et encaissé,

est entouré de forets et de rocailles,

et ne compte pas le nombre de ses sentiers.

Des fois, sans trop savoir « où qu’on aille »,

il nous mène dans un village, au milieu des Horreos,

ou dans une Braña, admirer quelques Teitos.

Somiedo est une enclave, un monde à part..

Des Hommes…des Ours.. quelques Loups…

Un peu de soleil quand il n’y a pas de brouillard,

et l’été s’écoule vite, sans s’en faire beaucoup…

 

Somiedo…de Sumetum »… le pays des montagnes élevées…

 

C’est la plus faible densité de la population européenne,

non pas à cause des ours, mais l’été y est fugace.

Les conditions climatiques extrêmement dures qui y règnent,

ont fait fuir bon nombre des habitants de ses paroisses.

Alors, en étant classé « Réserve de la Biosphère » par l’Unesco,

le Parc Naturel a sauvé Somiedo…

Et au milieu de ses lacs paisibles, l’Homme a enfin compris

ce qu’une nature généreuse attendait de lui…

C’est un bel exemple de compréhension et d’intégration,

entouré d’un monde d’absurdités et de déraison…

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On se croirait en Amérique, dans le Yellowstone…

Somiedo vit au rythme de l’Ours et de ses saisons…

On vient de rentrer dans le Paradis des Ours…

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La Vallée de Saliencia, et ses lacs glacières perdus dans les rochers…

Dominés par les Picos Albos, ce sont de pures merveilles…

C’est du Puerto de la Mesa, ou de la Farrapona que l’on accède aux Lagos de Saliencia,

en empruntant une ancienne voie ferrée qui menait au lac de la Cueva…

Il y a quelques décennies, on y exploitait le minerai de fer…

Puis si tu veux aller un peu plus loin, tu arriveras au Lago de Cerveiriz,

et avec deux pas plus, tu finiras au bord du Lago de Calabazosa,

le plus grand, le plus profond, 60 m, et surement le plus beau…

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Les vallées sont belles et profondes, et les pistes interdites à la circulation.

Il n’ a que les bergers qui peuvent les utiliser, et du coup elles sont hyper cool pour marcher,

mais pour aller jusqu’au bout et revenir, souvent c’est presque 10 bornes qu’il faut faire….

Mais ca maintient la forme !!…

Les Mastiffs sont les chiens de garde des troupeaux, et après une bonne nuit de boulot,

ils font une sieste bien méritée… le collier avec les pointes,

c’est pour se protéger des attaques de loups…

Mais on en reparlera un peu plus tard…

Le panneau est un avertissement plein d’humour..

« Si tu peux traverser la propriété en 8 mn, mon taureau le fait en 4 mn »…

Après , cela reste un choix !!….

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Et des fois, au bout de ces vallées interminables, on arrive dans une Braña…

Une Braña, est un ensemble de Teitos,

et un Teito , c’est une cabane typique de Somiedo.

Ses murs sont bas, en pierres sèches, parfois enfouies dans le sol.

La charpente est en bois prélevé localement, et la toiture en couverture végétale,

du genet à balai en général, d’où son nom de Teito.

Du Printemps jusqu’en Automne, ces cabanes servaient d’abri de base,

pour les éleveurs qui accompagnaient leurs troupeaux.

Une partie pour ses bêtes, et une petite pièce pour dormir.

Il y avait aussi de grands réservoirs d’eau fraiche, pour conserver le lait au frais,

mais je n’ai pas eu le temps d’en trouver, l’orage grondait, il fallait rentrer…

J’ai fait 5 km sous un déluge, j’ai tout changé arrivé au camion…

Le matos photo était resté bien au sec dans mon sac de montagne…

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Une maison typique de Somiedo, dans la village de Castro.

Sous le petit auvent, un établi avec un sabot en fabrication, ils sont bien particuliers,

ils ont 4 petits pieds, peut être pour la stabilité, ou la boue…

Je ne sais pas, je vais enquêter, et je te raconterai…

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Ces fameux Horreos que j’adore, il y en a dans tous les villages et je ne m’en lasse pas..

Souvent ils servent de garage, pour les voitures ou les tracteurs, ou de terrasses même,

mais là, il y avait des vieilles roues d’un autre temps que j’ai trouvé très intéressantes.

Alors, je ne vais pas faire le grand historien, mais ces roues me parlent…

C’est un peu du Moyen-Age, un peu Romain, un peu Celte…

Je ne dois pas être très loin, et le procédé était très ingénieux.

L’axe qui reliait les deux roues tournait en même temps que les roues, et dessus,

reposait un plateau avec ses deux « encoches » qui s’encastraient sur l’axe…

et du coup, 1 jeu de roues pour plusieurs plateaux, un pour le bois, un pour le fumier, etc….

Et ce n’est que beaucoup plus tard que l’homme a inventé l’essieu,

les roues tournant sur un axe fixe…

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L’ours est présent partout…dans les villages, sur les trottoirs, des immenses statues

dans les devantures des magasins, la caserne des pompiers, les pharmacies.

les bars, les restos, sur les tracteurs, et que sais je encore…

Le soir à Pola de Somiedo, le village capitale de la vallée, tu ne trouveras pas

une personne, jeune ou vieille qui ne parle pas des ours…

Des gardes, des photographes, des randonneurs, des bergers, des habitants,

tous sont animés de la même passion… « Alors, t’as vu l’ours aujourd’hui , »…

Et autour d’un verre ou deux, ils parlent, ils racontent leur expérience, leurs observations…

Et preuve à l’appui !!….les images sur le téléphone portable. Ils ont tous un appareil photo,

un hybride avec un zoom qui correspond à un 3000 en objectif photo, (j’ai un 400).

J’essayais de discuter avec un ancien, et tout d’un coup il sort son portable et me dit..

« Regardes ce que j’ai vu il y a trois jours » …il me montre l’image d’un ours,

avec en haut de cette même image un loup…et il me dit où il l’a prise…

« Le matin, sur la piste qui monte dans la montagne, après le village de « La Peral »…

Et en plus il te paye la tournée…

Et du coup, dans les bars, c’est un concours photo permanent…

C’est beau à voir, à entendre, à vivre, je trouve rassurant…

L’ours est présent dans le cœur des Hommes…

Et c’est là que l’histoire est belle…

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