Un alambic est un appareil destiné à la séparation de produits, par chauffage et par refroidissement…

Cela s’appelle la distillation…

Au début, l’alambic était utilisé pour fabriquer les huiles essentielles et les médicaments…

Puis un jour, quelqu’un a eu l’idée de s’en servir pour faire de « l’eau de vie »,

par la distillation de jus de fruits fermentés…

Les alchimistes appelaient l’alcool … « aqua vitae »…ce qui en latin veut dire « eau de vie »….

Un « petit coup de gnôle »,  qui vient de « torgnole », (coup violent), aide à digérer,

quand elle est prise à la fin d’un repas bien trop gargantuesque…

Cet alambic date de 1900, c’est dire s’il a désinfecté bon nombre de gosiers encombrés…

« La gnôle est mon médicament »  disait-il…

« La preuve, je n’ai pas de cholestérol »….

 

Voila l’alambic, de 1900… qui pendant la saison de distillation, du mois de novembre à mai, circule de commune en commune…

 

L’eau de vie se fabrique en deux étapes principales…

La macération ou la fermentation, et la distillation…

Le principe de la fermentation est simple, il faut mettre les fruits dans des cuves,

des prunes, des poires, du raisin, ou des pommes, etc…

éventuellement les écraser légèrement, les arroser un peu, et laisser fermenter..

Quand on ouvre la cuve, on doit normalement sentir le parfum de l’eau de vie à venir…

 

Puis le travail commence… Il faut faire chauffer la chaudière, au feu de bois…un peu comme une locomotive…Cette chaudière s’appelle aussi le corps, ou encore , et c’est le nom que je préfère  « la cucurbite », peut-être parce qu’elle a une forme de grosse citrouille…

 

Et maintenant, ce n’est qu’une question de patience…il faut que cela monte en température, si c’est la première chauffe, il faut bien compter 3 heures… L’homme à la casquette ..c’est le précieux Jojo, il aide au bon fonctionnement de l’alambic, et l’autre énergumène n’est autre que Stef, mon pot de toujours, qui est venu passer quelques jours avec moi et qui a bien apprécié les produits locaux…faits maison…

 

Le chapiteau qui recouvre la cucurbite est muni d’un tube conique en arc de cercle,  le col de cygne, dans lequel les vapeurs s’élèvent pour se diriger vers le rectificateur, la petite cuve sur la gauche…

 

Ensuite, par un système de vannes, les vapeurs passent dans un serpentin en plomb qui se trouve dans la grande cuve d’eau froide, au fond,  pour être refroidies et  transformées en eau de vie…C’est simple, il suffisait d’y penser…

 

Un autre personnage vient d’arriver… on se demande bien où il était passé…Philippe n’est autre que le propriétaire de l’alambic… Ce passionné de bonnes choses, atypique, est un cœur tendre…

 

L’eau de vie coule… à flots serait un peu exagéré, mais le débit est correct…

 

Et quand il a été décidé qu’il était temps d’arrêter, que d’insister nuirait au nectar récolté, le processus est stoppé en dévissant le col de cygne et et  le chapiteau… c’est chaud bouillant…

 

Ensuite il faut nettoyer « cucurbite »…la renverser, elle fait son poids, tout en arrosant….quand elle touche le sol, l’eau froide aidant, la vapeur d’eau envahit l’espace…c’est un peu impressionnant…et c’est beau aussi…et c’est chaud…

 

Ensuite, si la journée est finie, on arrête, mais si il y a encore une chauffe, on continue…la paille….

 

Quand je l’ai entendu…j’ai compris qu’il se passait un truc…Philippe m’appelle .. »prends moi çà en photo !!! »…la personne, qui n’était pas là, heureusement pour elle, avait acheté en grande surface un lot de poires , pas chères surement… « Regardes moi çà » me dit-il….avec de la merde, on ne fait que de la merde…je travaille pour rien…il me fait toucher les poires, elles étaient dures comme des cailloux… L’affaire a été vite réglée…là, je l’ai trouvé un petit peu énervé…

 

Attention…il ne faut pas confondre un bouilleur de cru, et un distillateur..

Un bouilleur de cru est une personne habilitée à produire sa propre eau de vie…

C’est un récoltant qui distille ses propres fruits…

Et il y a le bouilleur ambulant, qui est le distillateur…

Il procède à la fabrication de l’alcool en déplaçant son alambic

de commune en commune…

 

Merci au malicieux  Jojo de nous avoir invité à partager ces moments là,

et un grand merci aussi à Philippe, « l’alchimiste magicien », de nous avoir reçu avec tant de gentillesse, et d’humour,

et de nous avoir fait gouter à tous ces nectars, ces breuvages et autres élixirs de vie…

J’espère ne pas avoir trop « trompé » cette passion qu’est la leur…

Rien que pour ces moments là, le voyage est heureux…