Avant de t’emmener voir cette « bête immonde »,
une dernière petite promenade en Camargue, je ne m’en lasse pas.
La couleur rose domine dans les marais, du beau rose, avec les Flamands,
mais il y a aussi du noir avec les toros, du blanc avec les chevaux et le sel qui est omniprésent.
Et quand il fait beau et chaud, il y a du bleu partout, le ciel, la mer et les marais…
Par moments, ce bleu est tellement fort qu’il fatigue les yeux,
vois-tu ce que je veux dire…
les reflets du ciel dans l’eau et l’horizon se perd au loin…
Quelques filets de pèche savamment installés sont tenus par des pieux,
et de suite ton regard s’y accroche,
en donnant à ces étendues immenses un petit peu de matière, un repère.
Au dessus de la montagne de sel que tu vois tout au fond,
des nuages noirs s’amoncellent, comme la promesse d’une nuit bien agitée…
Même pas !!.. la nuit fut calme comme les marais.
A mon avis, ces nuages sont venus pour que je puisse faire une belle image…
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Le Moulin Daudet…
Contrairement à ce qu’il se raconte dans les forets de Fontvieille,
Alphonse Daudet n’y a jamais habité, et n’en a jamais été le propriétaire,
d’ailleurs il le trouvait moche, délabré, en ruine et de peu d’utilité.
Néanmoins, cela ne l’a pas empêché d’écrire les fameuses « Lettres de mon Moulin »,
avec la jolie petite histoire de « la Chèvre de Monsieur Seguin »…
Dans la foret alentour, au pied des moulins, il y a une piste caillouteuse,
et sur la pierre, tu peux encore voir les traces des roues des charrettes tirées par des bœufs,
chargées de blé à l’aller et de farine au retour.
Je pense au nombre incalculable de voyages effectués pour user la pierre ainsi,
et d’ailleurs, entre les traces de roues, on voit aussi que la pierre est usée
par les sabots des animaux de trait…
Un moulin sans aile, c’est comme un papillon sans aile…
***
Bon, voilà, on est arrivé dans mon petit coin,
je te présente le « Phallus impudicus »,
et si tu as une épingle à linge à portée de la main, bouche toi le nez avec…
Alors bien sûr, il a été plusieurs fois baptisé, même si, et c’est assez rare en mycologie,
il a gardé son premier nom d’origine que Linné lui avait attribué.
Linné est un grand naturaliste suédois, le premier à classer et nommer les espèces vivantes
de façon scientifique. Une référence essentielle encore aujourd’hui.
Le Phallus impudique, est aussi appelé le satyre puant, la morille du diable ou l’œuf de diable…
L’histoire commence dans un œuf qui grossit dans la terre et qui finit par sortir.
Ici, le « péridium », son enveloppe protectrice se craquelle,
et le champignon va sortir.

Quel drôle de champignon, une fois coupé en deux, je le trouve très beau et très intéressant.
On devine son enveloppe protectrice, avec son système racinaire,
puis une masse gélatineuse protectrice, peut-être nourricière, je ne sais pas trop,
en vert foncé la future « gleba », qui correspond en fait à son chapeau
et au milieu, en blanc, le futur « stipe », qui lui correspond à son pied.
Tout le champignon est là, et jusque là, tout va bien…
Je dis tout va bien parce que c’est là que l’on se régale.
D’abord, quand tu sens l’œuf, il a une agréable odeur de champignon et de sous-bois.
Et puis si tu es un peu gourmand, et si tu fais abstraction à ce qu’il va devenir,
tu décolles à l’aide de ton couteau la partie centrale blanchâtre,
son pied que tu manges cru, comme cela, ou bien en salade si tu en ramasse assez.
C’est original et super bon, avec un gout de radis ou de navet…

Le Phallus impudicus sort de terre, cela devait bien arriver un jour ou l’autre,
et c’est là que tout dégénère…c’est affreux comme cela sent mauvais,
une charogne ou un cadavre en putréfaction, qu’il ne faut pas trop toucher,
parce que tu n’entreras pas dans un magasin en suivant.

Et là, tout va très vite, les insectes et surtout les grosses mouches s’en emparent,
et en un laps de temps, tout ce qui pue est avalé et entièrement nettoyé,
l’œuf est vide, le chapeau est dénudé et le pied affaissé,
le Phallus impudicus n’est plus…

La morille du diable…
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L’Arbousier, appelé aussi l’arbre à fraises, même si cela n’a aucun rapport avec les fraises.
Désolé, mais il y en avait plein d’arbouses mures bien rouges,
mais j’ai gouté avant de faire la photo…
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